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30 ans d'ACERMI : Interviews croisées

Les syndicats de fabricants, le FILMM et l'AFIPEB, étaient présents à la naissance de l'ACERMI, créée par le CSTB et le LNE. Leurs présidents respectifs, Dirk de Meulder et Paul Jallon, en rappellent la motivation et donnent leur vision de son évolution.

Comme « pionniers » de la certification, quelles étaient les raisons qui vous ont conduits à la certification ACERMI dès sa création et qu'en attendiez-vous ?

Dirk DE MEULDER
Dirk de Meulder
La publication de la réglementation thermique de 1974, suite au choc pétrolier, impliquait de disposer d'un outil assurant une véritable connaissance des performances des isolants. Mais il n'existait pas, à l'époque, de normes de caractérisation. Il fallait donc que les produits présentés sur le marché puissent être évalués à partir d'un référentiel commun, et que cette opération soit menée par un organisme indépendant. Dix ans après, en 1985, l'ACERMI était née. C'était pour nous la façon la plus sûre et la plus objective de faire valider les performances de nos produits.
Paul JALLON
Paul Jallon
Dès le départ, la certification ne se limitait pas à la mesure de performance. Elle avait aussi pour objectif de s'assurer de la pérennité de cette performance par un suivi de la fabrication. De ce fait, fabricants et utilisateurs disposaient d'un système de référence fiable et neutre.

Le résultat a-t-il été à la hauteur de vos attentes ?

Paul Jallon
Sans aucun doute. Non seulement le dispositif a introduit de la rigueur dans la mesure de la performance, mais il a aidé à mieux comprendre le comportement de la matière. Il a enfin aidé à valider la régularité de la production.
Dirk de Meulder
La certification a joué un grand rôle dans l'évolution de l'offre. Elle en a permis le développement dans un cadre de confiance puisque les clients étaient confortés dans leurs choix. Il n'y a qu'à voir l'évolution du nombre de certifications, en particulier au cours de la période 2000 à 2010 (300 certifications) puis 2010 à 2015 (600). Elle crédibilise les produits concernés.

Quelles sont les principales étapes de l'évolution de la certification ACERMI. Cette évolution correspond-elle aux attentes des industriels ?

Dirk de Meulder
Je distingue trois étapes. Celle de la création, qui a été le temps de la mise en place et du confortement des méthodes ; celle de la prise en compte de la donnée européenne (entre 2001 et 2003), en particulier du marquage CE ; enfin, celle de l'ouverture aux nouveaux produits comme les biosourcés, plus récente (avec le référentiel Tremplin), conjointement à des recommandations pour l'application en œuvre (qui passe en France par l'Avis Technique).
Paul Jallon
L'étape « européenne », dont le marquage CE, constitue en effet un moment important. Les professionnels ont choisi de conserver un système de certification qui, d'une part, est volontaire, et d‘autre part complète le marquage CE en ne se contentant pas des seules caractéristiques essentielles. ACERMI propose ainsi de certifier plus de critères d'usage pour éclairer le choix des acteurs au regard des parties d'ouvrages à construire. Plus exigeant et impliquant systématiquement un organisme indépendant, le dispositif ACERMI est plus rassurant pour l'utilisateur. D'autant qu'il conserve cette notion de garantie de pérennité de la production.

Jugez-vous la certification ACERMI aussi utile aujourd'hui qu'à sa création ?

Paul Jallon
Elle est tout aussi utile, mais d'une façon différente. Établie pour disposer d'outils d'évaluation fiables, elle est devenue un véritable argument commercial en raison même de son mode d'attribution et du champ des caractéristiques des produits qu'elle couvre.

Doit-elle encore évoluer et vers quoi ?

Dirk de Meulder
Il faut être à l'écoute des souhaits de nos clients. Des compléments sont sans doute à trouver pour une information claire sur l'aptitude des produits en fonction des applications, en faisant notamment le lien avec les règles de l'art.
Paul Jallon
On peut imaginer différentes évolutions. L'important est de garder à la certification ACERMI son objectivité et son indépendance.

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